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    Tu sais, je me souviens. Je te voyais partout, dans les rues, dans les tombes. Je croyais te voir partout, sans cesse, dans cet autre visage. Et il y en a eu des visages tout ce temps. Yves N, il avait un doux nom, il me fit penser à toi. Yves S, il était comme un drôle, il me fit t'aimait davantage. Serge D, comme il faut pour te ressembler. Un frisé à tonsure dans un club à clarinette, me fit t'imaginer ascète. Il y avait Ollivier Mine et son « cœur de la cible ». Un ancien anorexique derrière son comptoir. Youri Buenaventura avait entamé des études et fini à la rue et dans le métro. C'était moi et mon sort, c'était toi, lui, je t'aimais. Et aussi cet écrivain et sa « vie avec Mozart ». Il avait un rien de bouche et un mélange de peau qui le rendait toi. Il y eut ce garçon au sonna. Un rien de démarche cahotante qui te ressemble. Cet autre en forêt, c'est un coin de rencontre. Il y eut, enfin, un vendeur de jonquille 10 fois plus beau qu'au jour des derniers dieux. Il y a aussi que tu lui ressemblais. Cet autre, ce cauchemar, ce voleur d'enfance. Je voulu aller vers toi dans un acte de désespérance. Pas de réponse. Rien. Je suis las mais je vais bien. Il y a, bien sur, mes colères et mes rages. Toutes ces années sans vécu, sans conscience, sans corps d'homme avançant. Et elles venaient déjà après celles de l'enfance, cette volonté de fer dans l'isolement. Refuser l'amour quoi qu'il en coûte. Ne rien risquer à faire mal. Rester là, à deux pas, un mètre. Etre un chien plutôt que de valoir rien. Tu avais ce quelque chose qui me disait : « ça s'ouvre », c'est rien que mon histoire mais je t'ai aimé. Voulais je tant que cela l'amour ? Je crois que j'étais pris dans ce tournant du monde, dans cet abattement des décors, dans cette course en avant et que j'étais bien, prés de toi, rien que ça, moment de délivrance, un calme sans souffrance, me refuser, ne rien faire que profiter comme l'on profite d'un tableau, d'un beau, d'une évidence à vous faire oublier le chemin où l'on vous a posé. Une sexualité ? Il a fallu que l'air du temps mis pousse. Je m'étais fait déjà une demi raison. C'est la laideur des expériences que l'on me faisait vivre qui a rompu le demi vœux qui était dessiné. Prêtre défroqué avant l'éveil.  Voilà ma thèse. Elle est pour toi. C'est le sens que je pose sur ce trajet de maladie. J'en rajoute, peut-être. Tu jugeras. C'est vrai. Je voulais avoir la preuve de ta toujours existence. C'est vrai. Cet acte de sorcier fût plus meurtrissant que la maladie même. C'était le visage de laideur que je posais, pourris. Le masque d'une autre histoire. Le rappel de mes reins. Cet amour en qui j'ai cru jusqu'à penser le pire. Le refaire, te tuer, toi. Autrement.  Je t'aimais, je l'ai dis. Je me repose enfin. Il faut bien que je précise. En marchant vers ce chemin, il m'en fut renvoyé ces derniers temps. Il y eu maladresse, laideur, lâcheté quand bien même. Ce temps est ce qu'il est. Faut bien qu'on s'entre tue. Faut bien qu'on les projette pour s'assurer de notre priorité : nos fantasmes, nos propres histoires, nos philosophies, notre soif d'espérance ou bien notre mesquinerie, les alibis, la jalousie, l'ambition, notre idiotie, nos escroqueries, nos sales goûts. Il faut bien que ces gens tentent d'engloutir l'autre. Si je t'ai fait vivre un peu de ma souffrance et de tout ce merdier de non vie où j'étais, je t'en prie, pardon. Mais je souris aussi. L'expérience était belle. J'ai appris sans le vouloir où se place pour certain le mariage, le pacs, le concubinage, où sont les rêves de maison, d'écrire un livre, de faire un film, qui se verrait tant à un « avis de recherche » ou un « perdu de vue », qui pense dédommagement devant les tribunaux avant d'entendre justice, qui voit partout héritage sans penser famille et enfants, et qui n'est rien d'autre qu'irresponsable et salaud. Un condensé de social, de vie, cette plateforme. Merci de m'avoir fait accomplir des études qui me dégoûtait. Aujourd'hui je vais bien. Je suis calme. Je respire. Mais pourquoi rien ne m'avoir dit, ni ton nom, ni si tu vies ? Pourquoi n'ont t-ils rien fait ? Etaient-ils tous ensemble ? C'était rien d'autre que cela. Pouvoir marcher dans les rues sans des yeux creux d'assassin. Repartir, tout larguer, faire terre rase et semer. Mais pourquoi. Il y a chez les gens la tentation de faire pire là où on leur demande si peu. Je l'avoue. Ce théâtre est un fouillis qui gonfle, grouille engouffre. Mais ce théâtre n'est rien d'autre qu'un théâtre. Un terrain de vérité. Il y a matière à réfléchir, à s'entendre. J'entend : « Fasciste ! ». Je ris. Ils n'ont rien compris. C'est plus l'humanité. Comme il disait : « c'est de la cague ! ». Nous sommes tous dans un faisceau de rêve, de responsabilité, d'espoir, de lutte, de cause, d'histoire. Il suffit de savoir se placer. Et s'y tenir pour comprendre. Entre toi, moi, eux, nous, le même fond de cœur existe. Il faut y réfléchir. Je vis. J'existe. Je suis libre. Ceci est un théâtre. Je suis libre. Parfois peut-être plus que toi. En tout cas plus qu'eux.  Ceux que je croise ici, que je lis, que j'écoute, que j'agresse. J'ai beaucoup compris de ton absence. Ce théâtre a le goût de ce temps. Des personnages plus que des êtres. Le raffolement particulier qu'ont nos contemporains à piller, ça et là, pour se faire un folklore. Néant. Ce théâtre restera marquer par ce sot goût dans ses dessins (ses cartes), cette sotte attitude. C'est, là, vous tous marqués par vos aliénations. L'attachement que vous avez à vos enclaves. Rien devant. C'est partout vos prisons. Moi, je suis libéré. J'ai beaucoup compris de ton absence. De cet isolement où il fallait bien que je me rende. Il faut, bientôt que je parte. Je te rends aux tiens. Je conduis mon voyage. Merci d'avoir était là, Cadeau.







     


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    Tu vois, je me souviens. Je t'avais parlé de cet étudiant en architecture. Mes rêves de partager avec lui ma part d'enfance toujours intact. Il était tout ce que j'aimais. L'enfance, la douceur, la simplicité d'un environnement qui s'avait me respecter. Il était tout ce que j'aimais. Tout ce dont l'école m'avait coupé, déchiré, froissé, jeté, chiffré, déchiffré, noté, analysé, mesuré, expertisé, assuré, certifié, authentifié, catalogué, photographié, placé, déplacé, replacé, positionné,  repositionné, composé, recomposé, décomposé, résumé, commenté, calé, réchauffé, recaler, décaler, doublé, dédoublé, redoublé, bouclé, débouclé, engager, dégagé, réengager, dirigé, dérouté, récupéré, essoufflé, soufflé, toussé, ouvré, fermé, normalisé, buvé, craché, avalé, digéré, dormez, levez vous, couchez vous, étouffé, abruti, copié, décalqué, recalcifié, décalcifié, tracé, dessiné, gommer, éguisé, taillé, apprené, révisé, entendé, ouvrez vos oreille, fermez les yeux, savourez, sentez, touchez, caressez, dorlotez, enregistré, réécouté, recommencé, lisez, voix haute, voix basse, alphabet, méthode, encrier, supprimé, encre, plume, boîtier, perforé, scotché, relisé, voix haute, voix basse, règle, compas, tablier, écharpe, bonnet, short, maillot, poux, peigne, mains, lavez, frottez, séchez, serviette, porte serviette, cube, carré, rond, carotte, haricot, bougez, sautez, respirez, lâchez, ecrivé, aimé, detesté, jugez, posé, levez, baissez, baisez, armez, tirez, votez, élisez, taisez vous, ferme ta gueule, fais comme nous, ferme la, t'as pas droit, tes devoirs, gribouillé, écarté, poussé, cogné, blessez, pissez, chiez, regarde moi, marche comme ça, rentre chez toi, part devant, qu'on te vois plus, perd l'élan, perd ton vol, met ton frein, serre les dents, mort dedans, prend ce chemin, tien ma main, sent ton cul, t'es tout nu, t'es pas beau, tire dessus, pisse le sang, poil au dent, tu sent bon, t'es du rien, t'as pas d'poux, prend ton pouls, colle au dent, veux vomir, fais pas chier, t'as l'papier, tes bonbons, tu pues le con, tes nigauts, poils au dos, pas d'soucis, c'est gratuit, pas de nougat, t'es trop gras, fais pas chier, ta purée, va pisser, crache nous pas, t'en as pas, t'es une fille, t'es pd, enculé, t'as pas l'choix, mort ou tas, t'es trop con, tu brise tout, t'as le cul, qu'est trop mou, t'as le fois, il saigne pas, c'est trop cuit, t'es du pourri, va crever, va l'cogner, je l'aime pas, fils à papa, t'as la ré, faut la montrer, t'as le gland, merde dedans, t'as le sang, de la pisse, t'es diarrhées, bouffe toi les, et tes rots, sale râteau, t'es pas droit, moi le roi, moi j'suis beau, sale marmot, t'es pd, va t'montrer, enculé, t'es tapette, garçon manqué, bébé de mémé, tu pues le cul, bébé fouttu, et tes seins, gonfle toi les, et tes reins, assassin, et tes dents, t'va les cracher, t'es pd, faut pas t'montrer, t'es foutu, ta merde au cul, on t'veux pas, fils à papa, faut l'gaver, va encore chier, tu pues trop, on va t'saigner, je signe plus, éventrée, j'ai plus de main, elle est bleu, enchaînée, elle est rouge, égorgée, elle est verte, porte serviette. Tu sais, je me souviens. J'aurais bien aimé aller à l'école avec toi.


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